Eh éh...
J'ai utilisé la ruse pour le sujet précédent, en ne montrant que la cotte.
Il s'agit d'une robe complète, à 3 garnements, selon les normes de la première moitié du 13e (le nombre de garnements va augmenter, pour arriver à 6, voire plus, dans la première moitié du 14e)
Les garnements, ce sont les éléments composant la robe.
Pour la période concernée, cela implique :
Cotte
Surcot (sans manche. En cas de surcot avec manches, la chose est précisée dans les sources)
Vêtement de dessus, type manteau -cape- ou vêtement plus fermé.
(Observations faites à partir du Roll of Cloth d'Henry III, pour le mariage de sa soeur avec Frédéric II, publié dans l'article de Benjamin Wild, Medieval Clothing and Textiles 7)
Le choix s'est porté sur l'option avec manteau.
Il s'agit d'une tenue de ville, ou de château, au choix. Mais c'est pas pour la campagne

Le tout dans le même tissu, ce qui est le principe même de la robe (Recherche basée sur inventaires, livres de compte, commandes à des tailleurs, etc.)
Quantité de tissu nécessaire : 12x1.55 m. Soit 18.6 m². Très peu de chutes. (et si j'avais été plus douée, y en aurait encore moins eu et la tenue aurait été plus grande)
Les dimensions correspondent, d'après les estimations des mesures médiévales, à ce qui a été pris pour certaines robes d'Isabelle d'Angleterre (qui devait être plus petite que moi, donc, ses robes devaient être encore plus grandes...)
Plié, ça donne ça :

Dans le jardin, ça donne ça...

Le principe de la robe indique tout simplement qu'on a les moyens de se payer un max de tissu d'un coup. C'est donc montrer qu'on a des pépettes à une époque où il est de bon ton de ne pas en faire trop niveau bijoux, objets à la ceinture, broderies, etc. Tout se fait par la quantité de tissu (parce qu'en plus, c'est long et ample) et par la qualité des matières. Il faut faire simple, et montrer son statut. Bref, du challenge.
Il faut aussi éviter le mauvais goût.
Le principe de la robe dans le même tissu est admis parmi les spécialistes du costume médiéval. Il est la base de la tenue de la fin du 12e au milieu du 14e. Il peut persister ensuite pour les grandes occasions.

Robes vers 1340, Italie. Avec chaperon assorti. (Et une autre magnifique représentation de faux dévot, en la personne de l'Envie). On trouvera plus de représentations de la robe au 14e qu'au 13e... Evolution artistique oblige... Réalisme, tout ça...
Les sources imagées sont rares (question de lisibilité de l'image et du rôle du vêtement, qui implique que chaque garnement soit clairement distinct des autres, ce qui est fait en jouant sur les couleurs, dans l'image. Ces images ne sont pas un reflet de la réalité, comme le prouve l'analyse de l'Ordo de St Louis.

Le roi de France, comme vous le voyez, est habillé tout en bleu fleur-de-lysé, y compris les chausses... C'est écrit dans le texte qui va avec l'image...

Si, si ! (cf le bouquin de Le Goff sur le Sacre royal)

Histoire d'Outremer, de Guillaume de Tyr (entre 1232 et 1261, BL, Yates Thompson 12). Un des rares manuscrits où l'on trouve des robes complètes à plusieurs occasions. (Y a une raison. Si, si

)
Pièces archéos
Saya et Pellote de Fernando de la Cerda (pas un cas isolé dans les tenues de Las Huelgas. On a du plus ancien)

(il a même le bonnet assorti, mais c'est en perles. En passant, certains motifs sont à l'envers. On utilise tout le tissu !)
On a le même phénomène chez Eleonor d'Aragon (ou de Castille... chépu), avec des tenues qui ont dans les 2m de long.
Pour le tissu, sergé losangé. (déjà vu)
cotte :

Version sans les manches.
2.03 devant
2.10 à l'arrière
Ampleur 6.30
NB : ajouter un escabeau pour bosser. Et une échelle.
Version avec manches. (C'est mieux)

Surcot, présenté sur une autre cotte pour le rendre plus évident

2.07 devant
2.12 derrière
Ampleur 6.30
Doublé de soie légère bleue (le cauchemar à mettre en place...)
Ensemble avec le manteau (3.10 de diamètre, 1.55 de rayon. Doublé de samit jaune et noir)


Si la robe se porte ensemble, on peut après multiplier les combinaisons. Quelques exemples :

Le surcot et le manteau sont finis au point de grébiche (soie verte), afin de mettre en valeur les différents garnements.
Costume agrémenté d'une paire de gants de cuir blanc, doublés de soie, à usage citadin (le port des gants semble aussi dépendre des contextes). Ils viennent du commerce (penser à couper l'étiquette "made in Italy"

). Je les ai montrés à une archéologue néerlandaise spécialisée gants anciens. C'est bon, même la découpe du pouce est correcte.
La robe a fait l'objet d'une présentation au IMC de Leeds 2016, dans les sessions du groupe DISTAFF.
(Expérience intéressante car robe portée toute la journée... Qui permet de voir ce qui est le plus pénible, et où ça transpire... C'est bien simple : la barbette et le bandeau... Heureusement que c'est du lin blanchi, ça se lave fréquemment, et ça déteint pas. Je pense qu'avec les voiles safranés, ça devait être rigolo

)
(Et y a aussi des accessoires, des patrons, des trucs rigolos impliqués par la longueur du coupon, etc. Bref, encore plein de choses à dire

)